Par Alexis Roy et Nolwenn Henry
Pourquoi sommes-nous fier·es d’être écologistes ? Parce que nous sommes convaincu·es de la pertinence des réponses écologistes aux crises actuelles ; ne serait-ce que de considérer la finitude du monde, nos limites, comme un cadre et non pas comme une ligne à franchir, une frontière à repousser. L’écologie ne se résume pas à une adaptation aux crises, mais à une transformation profonde de nos modèles pour replacer le vivant au cœur de toutes les décisions. Refuser l’exploitation effrénée des ressources et des corps, c’est bâtir une société fondée sur la justice, l’égalité et la solidarité.
La grande victoire culturelle des écologistes a été de porter le climat et la protection du vivant parmi les priorités politiques. Mais nous restons encore appuyé·es sur un socle électoral trop étroit. Ce n’est pas qu’un problème de sensibilisation, mais une question de pouvoir. Les inégalités sociales et spatiales, la précarité, les discriminations ne sont pas des fatalités, mais des constructions politiques. L’école, l’hôpital, la justice sont les piliers d’une société émancipatrice, où chacun·e a les moyens de vivre dignement. Un projet écologique ne peut exister sans ces fondations. L’écologie ne triomphera pas en appelant au bon sens individuel : elle doit s’appuyer sur une coalition sociale ayant intérêt à porter un modèle plus juste.
Mais pour construire cette coalition sociale, nous devons dépasser la simple juxtaposition d’intérêts ponctuels et tracer des priorités communes. Plutôt que de nous contenter de mobilisations isolées, nous devons unir nos forces autour d’un projet collectif qui transcende les aspirations individuelles et s’inscrit dans une vision globale et transformante. Ceux qui profitent d’un système qui fragilise le vivant ne pourront jamais adhérer à cette démarche. L’écologie politique doit être une alternative résolument tournée vers la solidarité, la justice et la redéfinition de nos priorités, afin de bâtir une transformation profonde et fédératrice.
Notre crédibilité sera jugée sur la cohérence et la structuration de cette alternative. Nous devons construire un programme qui ne soit pas une simple addition de mesures, mais un projet articulé, chiffré et ancré dans une vision de la société. Il doit proposer des solutions concrètes tout en engageant une transformation profonde de nos structures économiques et sociales. Cela implique une méthode claire, un horizon assumé et un dialogue permanent avec la société civile organisée, en particulier les syndicats. L’écologie doit être un levier de justice, un outil de protection et un projet de reconquête démocratique. Il est temps d’investir massivement dans les services publics, la transition écologique, de briser les dynamiques d’accumulation qui détruisent les liens sociaux et le vivant.