Par Sarah Bonvalet-Younès et Gabriel Laumosne
La crise agricole, intensifiée par la ratification d'un traité de libre échange entre l’Union européenne et le Mercosur, ou encore la fermeture de Photowatt, sont des exemples de l’absurdité des règles du commerce mondialisé. Cette situation résulte de décennies de politique de libre-échange, consenti sans réserve par les gouvernements successifs.
Sur le plan social, la mise en concurrence avec des pays aux standards bien moindres pousse à l’érosion des salaires et des droits sociaux. Sur le plan écologique, c'est un désastre. Les émissions de gaz à effet de serre liées aux importations explosent, dépassant désormais la moitié des émissions nationales. Aussi, la délocalisation est un mirage de la transition : en externalisant nos industries, nous délocalisons notre pollution, qui pourtant fait partie intégrante de nos modes de consommation.
Loin de protéger notre industrie et nos entreprises stratégiques, l’État a laissé disparaître des secteurs entiers. Nous perdons des savoir-faire pourtant cruciaux. La France dépend d’autres pays pour des biens essentiels : alimentation, médicaments, énergie, numérique… Notre souveraineté alimentaire, économique, énergétique est fragilisée, nous rendant vulnérables aux crises internationales, y compris dans le cyberespace où nous sommes à la merci des techno-fascismes, à la prédation et à la surconsommation énergétique.
Face aux changements climatiques et à l'effondrement de la biodiversité, les chocs macroéconomiques se multiplient, perturbant à leur tour le commerce international. Qu’adviendra t-il quand des sécheresses, des guerres, des inondations, perturberont l’ensemble des chaînes d’approvisionnement ?
La pandémie et la guerre en Ukraine ont démontré le danger de la dépendance au marché mondial. L’urgence est de relocaliser notre production. Nous devons construire notre souveraineté écologique. Une souveraineté horizontale, partagée, décentralisée. Une souveraineté qui repose sur la production locale, l’économie circulaire, les énergies renouvelables, tout en garantissant la justice sociale et environnementale.
Car relocaliser ne suffit pas, il faut le faire en respectant un principe : ne jamais prélever plus que ce que la nature peut régénérer. Notre souveraineté est consubstantielle d’une planification écologique ambitieuse.
En tant qu'Écologistes, nous devons imposer notre vision de la souveraineté dans le débat public, nous approprier cette notion en réalisant un livret thématique. Nous devons également apporter notre soutien aux salarié.es et aux syndicats partout où les industries sont menacées de délocalisation et en poursuivant notre combat aux côtés des agriculteurs.rices.
Relocalisation des secteurs stratégiques, soutien aux entreprises locales et aux circuits courts, investissement dans la recherche et le développement, protection des terres agricoles, valorisation du bio : nous disposons des leviers nécessaires pour construire notre souveraineté écologique.