Par Mathilde Pousséo et Mikaa Blugeon-Mered
Mal pensées et pansées, les cicatrices du colonialisme se rouvrent sous des formes contemporaines conjuguant oppression, paternalisme et écocide. De l’archipel indonésien des Célèbes au Groenland en passant par les Outre-mer, face au capitalisme financiarisé qui pousse à dynamiter, déforester, eutrophier ou contrôler l’économie au profit de celleux qui ont déjà tout et au mépris du droit (ODD, Paris, Nagoya, Chlordécone, LTECV, EROM…) nous soutenons les peuples se battant pour leurs terres, leurs eaux, leur santé et leurs cultures.
Terres rares et métaux critiques, sables granuleux, eau douce… La fuite en avant extractiviste est un paradoxe mortifère, surtout lorsqu'elle prétend officier au nom du "progrès" numérique et énergétique. Une opposition locale méprisée, oppressée, voire assassinée (212 activistes en 2019) pour avoir dit NON à l’appropriation des terres ou eaux pour fabriquer batteries ou panneaux solaires, ne saurait être un "progrès".
Nous nous opposons à la fuite en avant sur le nucléaire qui renforce les risques sécuritaires, hydriques et géopolitiques, tout en détournant du besoin de sobriété. Plus encore, nous dénonçons l'absurdité du nouveau nucléaire dans les Outre-mer. A l’opposé d'une écologie décoloniale, cette industrie étatiste, technocratique, monopolistique, excluante et capital-intensive verrouillerait les marchés ultramarins, exclurait les populations des choix, consommerait de l'eau que les îles n'ont pas, détérioreraient des écosystèmes, tout en imposant une structure dépendante à 100% des métropoles.
Avec discernement, l'écologie décoloniale rejette les politiques qui renforcent l'hypoinsularité au profit d'oligopoles locaux. En limitant l'intégration régionale des Outre-mer, ce post-colonialisme perpétue une entrave économique, énergétique, logistique et politique au développement qui conduit aux crises sociales à répétition, à des pollutions liées à la mauvaise gestion des déchets et à des fuites en avant sécuritaires qui normalisent des idées d'extrême-droite.
Ainsi, l'écologie doit être décoloniale ou ne sera pas ! C’est une exigence de dignité et une condition de la crédibilité du projet Écologiste.
Une transition qui ne questionne pas les pratiques inégalitaires et écocidaires favorisées par le capitalisme financiarisé perpétue un nouveau colonialisme vert-sang. Alors, avec sagacité, solidarité, respect de la biodiversité, des spécificités et des savoirs autochtones, soyons radicaux pour refonder nos rapports au vivant et à l'eau.
Nous nous battrons avec détermination pour briser ces cadres colonialistes, voter des statuts favorisant une écologie décoloniale, personnaliser la Nature pour passer d'un objet d'appropriation à un sujet de droit, et garantir en particulier l’accès à l’eau avec criminalisation de sa dégradation volontaire, entre autres…