Par David Cormand et Julie Nicolas
L’écologie politique se définit par la prise en compte des « limites planétaires » comme cadre à l’intérieur duquel les politiques publiques et les choix de production et de consommation doivent être inclus. C’est la condition pour permettre l’épanouissement et l’émancipation sociale de chacune et chacun. Ce postulat mérite d’être rappelé au moment où une mutation du Capitalisme s’opère. Après un demi-siècle de croyance majoritaire dans les bénéfices que produirait la croissance généralisée de la production, de la consommation matérielle et de l’ultra-libéralisation des échanges internationaux, nous arrivons à une fin de cycle.
Le développement des interdépendances matérielles et mercantiles n’a pas apporté l’abondance, mais produit, au contraire, pénurie et explosion des inégalités, rendant notre société invivable pour beaucoup. Ce modèle dominant percute de manière spectaculaire, les limites physique et biologique de la Planète.
Les matérialisation de cet effondrement systémique sont de plus en plus dramatique. La promesse libérale épuisée, la tentation autoritaire pour continuer de l’imposer coûte que coûte menacé nos démocraties.
Les élites répondent à leur échec par un accaparement encore plus vorace des ressources et par l’installation d’un capitalisme de prédation et de rente encore plus radical et toujours moins redistributif. S’y déploie une économie des plateformes et des multinationales de la tech aux capitalisations gigantesques qui aspirent à rivaliser avec les États. Leur modèle est l’accaparement de positions monopolistiques non seulement sur les secteurs économiques et technologiques; mais aussi sur des domaines qui relèvent de la souveraineté des États comme les infrastructures stratégiques et militaires, le fait de battre monnaie, la capacité d’évitement de l’impôt ou encore l’accès aux données personnelles. C’est cette métamorphose monstrueuse que l’on voit à l’œuvre au USA avec l’hybridation de l’Etat fédéral de l’administration Trump avec les GAFAM et l’empire d’Elon Musk. Face à ce modèle de « capitalisme de la finitude » qui s'oppose au droit à un environnement sain, l’écologie politique propose un corpus de valeurs et de principes que l’on pourrait qualifier de « sobriété juste ».
Il s’agit de partir des besoins nécessaires pour organiser une société d’émancipation apaisée reposant sur des ressources disponibles renouvelables, une économie circulaire et solidaire intense en emplois mais économe des communs, une géopolitique de la coopération et du co-développement et des services publics garants de l’égalité et de la justice sociale avec en son coeur la satisfaction des besoins essentiels aujourd'hui niés.